Offre d'emploi     Appel d'offre       Boutique       Newsletters
Evénements
L’œil perçant sur l’actualité

Magazine

Se connecter

Côte d’Ivoire / Présidentielle :  3 248 morts en 2010… La CEDEAO laissera-t-elle l’histoire se répéter en 2025 ?

L’odeur de la poudre flotte à nouveau sur Abidjan. Quinze ans après la crise post-électorale qui a ensanglanté la Côte d’Ivoire, laissant derrière elle 3 248 morts, des charniers à Duékoué et des cicatrices toujours vives à Yopougon, le pays se retrouve face à un miroir brisé. Les mêmes acteurs, les mêmes rancœurs, les mêmes manœuvres obscures – mais cette fois, sous le silence assourdissant de la CEDEAO et de la communauté internationale. Alors que Laurent Gbagbo, exclu du scrutin, brandit l’étendard de la révolte avec son mouvement « Trop, c’est trop », que le PDCI de Tidjane Thiam claque la porte de la Commission électorale, et que des millions d’électeurs se demandent s’ils devront encore choisir « entre la peste et le choléra », une question brûle les lèvres : la Côte d’Ivoire est-elle condamnée à répéter ses tragédies ? Les radiations politiques, les discours enflammés et les rues qui grondent rappellent étrangement l’avant-2010. Pourtant, à Abuja, on préfère regarder ailleurs. À Paris et Washington, on murmure des platitudes sur « le dialogue ». Mais qui prendra la responsabilité d’éteindre l’incendie avant que le pays ne s’embrase ?
Alassane-Ouattara-et-Laurent-Gbagbo

La Côte d’Ivoire tremble. Les spectres de 2010-2011, cette crise post-électorale qui a emporté 3 248 vies dans des violences fratricides, reviennent hanter le pays à l’approche de l’élection présidentielle d’octobre 2025. Pourtant, malgré les signaux d’alarme, la CEDEAO et la communauté internationale observent, impassibles, ce qui s’annonce comme une tragédie annoncée. 

Gbagbo lance l’offensive : « Trop, c’est trop ! » 

Samedi 26 avril, lors d’une réunion houleuse du comité central de son parti, le PPA-CI, Laurent Gbagbo a adressé un message clair à ses militants : la résistance s’organise. Exclu du scrutin pour une condamnation judiciaire liée à la crise de 2010-2011 – malgré son acquittement par la CPI –, l’ancien président a lancé le mouvement « Trop, c’est trop », promettant une protestation « multiforme et permanente ». 

« Quand un peuple est acculé, il se lève », a-t-il déclaré, dans une allusion à peine voilée à une mobilisation de rue. Ses partisans, galvanisés, parlent déjà de « désobéissance civile ». Mais derrière ces mots se cache une réalité plus sombre : la Côte d’Ivoire est à nouveau au bord de l’implosion. 

Une exclusion politique qui sent la poudre 

Gbagbo n’est pas le seul visé. Tidjane Thiam (PDCI), radié pour une prétendue perte de nationalité, Simone Gbagbo (MGC), sous le coup d’une condamnation, et des dizaines d’autres opposants se voient écartés d’un scrutin déjà verrouillé. La Commission électorale (CEI), accusée de partialité, refuse tout audit indépendant. L’opposition, regroupée dans la coalition Cap-Côte d’Ivoire, crie à la « mascarade démocratique ». 

Pendant ce temps, la CEDEAO, qui avait pourtant joué les médiateurs en 2010-2011, se terre dans un silence coupable. Comme si les leçons de l’histoire n’avaient servi à rien. 

« La CEDEAO viendra quand il y aura des morts » 

Dans les rues d’Abidjan, l’amertume est palpable. « C’est le bon moment pour la CEDEAO d’intervenir, mais elle fait comme si ce n’était pas son affaire », lance un habitant de Yopougon. « Demain, quand les chars rouleront et que les corps s’entasseront, ils viendront avec leurs discours de paix. Le silence devant le crime a sa part de responsabilité dans le crime. Suivez mon regard ! »

Un jeune Ivoirien, la trentaine sonnée, tempère : « Le combat des Africains, ce n’est jamais pour construire des institutions fortes, mais pour construire des personnes fortes. Pourquoi Gbagbo insiste-t-il pour être candidat alors qu’il est radié ? Le parti, c’est lui seul ? Depuis 60 ans, on accuse l’impérialisme pour justifier nos échecs. »

Ouattara-Gbagbo : Le duel qui empoisonne la Côte d’Ivoire

Au-delà des exclusions, c’est toute une génération politique qui refuse de passer la main. Alassane Ouattara, 83 ans, candidat pour un quatrième mandat controversé, et Laurent Gbagbo, 80 ans, symbole d’une opposition persécutée, incarnent ce duel qui paralyse le pays. 

Pourtant, nombreux sont les Ivoiriens qui estiment que les deux hommes devraient se retirer. « Ils ont écrit l’histoire, mais aujourd’hui, ils sont devenus des obstacles à la paix », soupire une commerçante d’Abobo, quartier meurtri par les violences de 2010. 

Vers une nouvelle crise en trois actes ?

Préélectorale, électorale, postélectorale : la crise est déjà en marche. Les radiations massives, les discours incendiaires, l’absence de dialogue et l’indifférence régionale dessinent un scénario catastrophe. 

La Côte d’Ivoire est à un tournant décisif. Soit la communauté internationale se réveille et impose une médiation crédible, soit le pays replongera dans le chaos. Mais à Abuja, Paris et New York, personne ne semble pressé d’agir. 

Demain, quand les premiers coups de feu retentiront, ils diront : « On ne savait pas. »

Pourtant, tout le monde savait. 

Éditorial – Le Faucon d’Afrique – 28 avril 2025 

Partager sur les réseaux sociaux

0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

Abonnez-vous à notre newsletters

Souscrivez maintenant pour ne plus manquer aucune de nos actualités

0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x