Il y a trois mois, la falaise de Foréké-Dschang, une route stratégique située dans l’ouest Cameroun, était frappée par un double éboulement de terre, causant de nombreuses pertes en vies humaines et plongeant la ville de Dschang dans une crise profonde. Depuis cet événement tragique, la route demeure bloquée, laissant ses habitants et ses régions environnantes dans une souffrance incommensurable.
La fermeture de cette route ne touche pas seulement la Région de l’Ouest, mais aussi le Nord-Ouest, le Sud-Ouest, le Littoral et la ville de Dschang en particulier. La falaise de Foréké-Dschang est un véritable carrefour considéré comme la « route des bassins de production de l’Ouest », et son blocage a causé un ralentissement considérable de l’économie.
Les rues de Dschang résonnent de l’angoisse des commerçants, des étudiants et des travailleurs. Le coût de la vie a explosé, les denrées alimentaires de première nécessité deviennent inaccessibles pour beaucoup. Témoignant au micro du Journal Le Faucon d’Afrique, Dongmo, un voyageur, raconte son calvaire. « Je suis obligé de contourner la falaise de Dschang en passant par Batie, ce qui rend le voyage plus long et fatigant« , explique-t-il, ses traits marqués par l’épuisement.
Samuel, un commerçant désespéré, explique : « Mon activité commerciale a pris un sérieux coup. Avec la route bloquée, je n’arrive plus à approvisionner mes marchandises à temps. Les clients se plaignent, et je perds de l’argent chaque jour. »
Étienne, un étudiant, exprime la frustration de la jeunesse : « Les prix des denrées alimentaires montent en flèche. C’est devenu presque impossible de suivre nos études correctement quand on ne peut même pas se nourrir correctement. » Les souffrances sont nombreuses et variées.
Quant à Kenfack, un homme d’affaires, il raconte : « Mon chantier est arrêté faute de matériaux de construction. Je suis dans l’incapacité de terminer mes projets. Toute l’économie de la ville est paralysée. »
Cet état de délabrement et de souffrance n’est pas seulement dû à la nature impitoyable, mais aussi à l’abandon de Dschang par les pouvoirs publics et les élites. « Les autorités semblent avoir acté à travers leur inaction et leur mutisme l’abandon de cette route vitale« , s’indigne l’habitant Pierre Nanfack. Il pointe du doigt l’incapacité des élites locales à faire bloc pour la réouverture de ce passage essentiel, autrefois voie rapide reliant les villes côtières, poumons économiques du Cameroun, en seulement trois heures.
Cette situation met également en lumière la question de la décentralisation, une problématique cruciale dans la vie de nombreux pays. La véritable décentralisation avec un transfert adéquat de moyens et de compétences aux collectivités locales est devenue aujourd’hui une nécessité impérative. La ville de Dschang, autrefois engagée dans un processus de développement remarquable, voit aujourd’hui tous ses efforts annihilés par cette paralysie économique.
Face à ce drame, les habitants de Dschang ne savent plus à quel saint se vouer. L’abandon de cette ville par les pouvoirs publics et les élites résonne comme une trahison. La falaise de Foréké-Dschang ne doit pas rester un monument de détresse et d’abandon. Il est crucial que les autorités prennent conscience de l’importance de cette route et agissent promptement pour restaurer la connexion vitale qu’elle représentait.
En attendant une action concrète, Dschang souffre et espère. Espère un avenir où la falaise de Foréké-Dschang ne sera plus un obstacle, mais un passage vers la prospérité retrouvée.