La capitale éthiopienne, Addis-Abeba, vibre au rythme de la 38e session de l’Assemblée de l’Union Africaine (UA), un rendez-vous annuel crucial qui réunit les chefs d’État et de gouvernement des 55 pays membres. Les travaux, entamés depuis le 12 février, entrent désormais dans une phase décisive ce samedi 15 février, avec des enjeux multiples et des décisions attendues qui pourraient redéfinir l’avenir du continent.

Siège de l’Union Africaine, Addis-abeba en Ethiopie. Le 13 février 2025 – Crédit Photo – Lunus Fogap
Élections à la Commission de l’UA : Un vote incertain, un statu quo probable
Au cœur des discussions, l’élection du nouveau président de la Commission de l’Union Africaine (UA) suscite un intérêt particulier. Trois candidats sont en lice pour ce poste stratégique : l’opposant historique kenyan Raila Odinga, cinq fois candidat malheureux à la présidentielle dans son pays, le Djiboutien Mahamoud Ali Youssouf, actuel ministre des Affaires étrangères, et le Malgache Richard Randriamandrato, ancien ministre des Affaires étrangères. Chacun de ces candidats incarne des visions différentes pour l’avenir de l’UA, mais la question qui domine les débats est de savoir si l’un d’entre eux parviendra à réunir la majorité des deux tiers requise pour être élu.
Moussa Faki Mahamat sur la voie d’une prolongation ?
En effet, selon des sources bien introduites, le vote pourrait ne pas avoir lieu en raison de l’incapacité à atteindre le quorum requis des deux tiers des États membres, condition essentielle pour la tenue de l’élection conformément au règlement de l’Union Africaine. Une situation qui rappelle celle de 2018, où aucun candidat n’avait obtenu la majorité nécessaire, conduisant à la suspension des élections et à la réouverture du processus de nomination. Dans ce contexte, l’hypothèse d’un maintien de l’actuel président de la Commission, Moussa Faki Mahamat, semble de plus en plus plausible. Son mandat, qui devait initialement s’achever, pourrait être prolongé en attendant une résolution des divergences entre les États membres.
Une bataille diplomatique pour le poste de vice-président
Outre l’élection du président de la Commission, la bataille pour le poste de vice-président s’annonce tout aussi serrée, avec l’Égypte, le Maroc et l’Algérie en première ligne. Ces trois pays, aux influences régionales fortes, cherchent à renforcer leur position au sein de l’organisation continentale, ce qui pourrait compliquer davantage les négociations.
Crises et enjeux au sommet de l’UA
Au-delà des élections, l’Assemblée devra également se pencher sur des enjeux cruciaux qui secouent le continent.
Parmi eux :
• La crise diplomatique entre la République Démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, alimentée par les tensions autour des rebelles du M23;
• La crise au Soudan, qui continue de menacer la stabilité régionale.
• Les bouleversements politiques en Afrique de l’Ouest, marqués par la création de l’Alliance des États du Sahel (AES) et leur retrait de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Autant de problématiques qui nécessitent des réponses urgentes et coordonnées de la part des dirigeants africains.
Alors que les choses sérieuses débutent ce samedi 15 février en présence des chefs d’État et de gouvernement, la question centrale reste de savoir si l’UA parviendra à surmonter ses divisions internes pour élire un nouveau leadership ou si elle optera pour une solution de continuité avec le maintien de Moussa Faki Mahamat. Dans un contexte géopolitique complexe et en pleine mutation, les décisions prises lors de cette session auront des répercussions majeures sur l’avenir du continent.