La stabilité du Burkina Faso vient une nouvelle fois d’être ébranlée par une tentative de coup d’État avortée, révélant les tensions persistantes qui minent la transition en cours sous la présidence d’Ibrahim Traoré. Selon des sources sécuritaires hautement fiables, cette énième tentative de déstabilisation, déjouée de justesse dans la nuit du 16 avril 2025, s’inscrit dans une série de complots ourdis depuis la prise de pouvoir par le capitaine Traoré en septembre 2022. Le ministre de la Sécurité, Mahamadou Sana, a confirmé l’information lors d’une déclaration solennelle diffusée sur les ondes de la télévision nationale, mettant en lumière les rouages d’une conspiration impliquant des acteurs tant internes qu’internationaux.
Cette nouvelle tentative, la vingtième en trois ans selon nos investigations, démontre l’acharnement des adversaires de la transition burkinabè. Parmi les précédents coups d’État déjoués, on compte notamment celui de septembre 2023, orchestré par des partisans de l’ancien président de la transition, Paul-Henri Sandaogo Damiba, aujourd’hui réfugié au Togo, ainsi que la mutinerie de janvier 2024 et le complot civilo-militaire d’octobre 2023. Tous ces événements trahissent une volonté manifeste de saper l’autorité du régime actuel, perçu comme un rempart contre l’ingérence étrangère et un symbole de la résistance africaine.
Les autorités burkinabè ont identifié le cerveau présumé de cette dernière tentative en la personne de Barry Abdramane, un officier du bataillon de justice militaire. La surveillance de ses communications a permis de remonter la piste d’un réseau plus large, comprenant des exilés politiques et des activistes opérant depuis l’étranger. Parmi eux figurent Compaoré Joanni, réfugié en Côte d’Ivoire, ainsi que Wédraogo Frédéric et Zerbo Laaoko, soupçonnés d’avoir coordonné des actions de sabotage à l’intérieur du pays. Leur objectif, aussi audacieux que meurtrier, était d’assassiner le président Traoré et de déclencher simultanément des attaques terroristes à grande échelle pour plonger le Burkina Faso dans le chaos.
Les méthodes employées par les conspirateurs révèlent une sophistication inquiétante. Le plan reposait sur une stratégie multidimensionnelle : désinformation via la diffusion de fausses alertes pour semer la panique, infiltration des milieux religieux et traditionnels, et même collusion avec des groupes terroristes pour amplifier les violences. Plus grave encore, des informations classifiées auraient été transmises à ces groupes armés, dans le but de faciliter leurs attaques. En parallèle, les putschistes auraient tenté de manipuler les services de renseignement pour provoquer des arrestations massives et créer un climat de psychose, affaiblissant ainsi la crédibilité du régime.
Au-delà des acteurs locaux, l’enquête met en lumière l’implication troublante de puissances étrangères. La France, dont le départ forcé du Burkina Faso en 2023 reste un sujet de rancœur, est pointée du doigt comme l’un des principaux instigateurs de ces manœuvres déstabilisatrices. Les services secrets burkinabè auraient intercepté des communications laissant entendre que Paris soutiendrait discrètement les factions hostiles au gouvernement Traoré. La Côte d’Ivoire d’Alassane Ouattara est également sur la sellette, accusée de servir de base arrière à des exilés politiques et même d’avoir participé à des tentatives similaires au Mali et au Niger. Des sources évoquent notamment l’affaire des mercenaires ivoiriens arrêtés au Mali en 2022, munis de faux passeports et des fausses professions, ainsi que des projets avortés d’intervention militaire au Niger en 2023 pour ramener l’Ex Président Bazoum.
Le Bénin de Patrice Talon et l’Algérie d’Abdelmadjid Tebboune sont aussi cités dans ce vaste réseau de déstabilisation. Ce dernier est particulièrement suspecté de jouer un double jeu en tolérant, voire en encourageant, les activités terroristes à la frontière malo-algérienne. Quant à l’OTAN, son rôle reste encore flou, mais certaines analyses suggèrent qu’elle pourrait agir en sous-main pour affaiblir l’Alliance des États du Sahel (AES), perçue comme un obstacle aux intérêts occidentaux dans la région.
Face à ces menaces, observateurs et acteurs politiques africains appellent à une vigilance accrue. Les leçons de l’histoire, notamment l’assassinat de Thomas Sankara en 1987, planifié avec la complicité de certains voisins africains, doivent servir d’avertissement. Pour beaucoup, la survie même du projet porté par Traoré et l’AES dépend de leur capacité non seulement à déjouer ces complots mais à mener des actions offensives, et à unir leurs forces contre les ingérences extérieures.
Alors que le Burkina Faso se relève une fois de plus d’une tentative de déstabilisation, une question demeure : jusqu’à quand ces manœuvres se poursuivront elles ? Et à quel prix ? Une chose est sûre : le combat pour la souveraineté africaine est loin d’être terminé.
© Par Lunus Fogap – Directeur de Publication du Faucon d’Afrique – Tous droits réservés. Reproduction interdite sans autorisation.