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Le Grand Jeu de Paul Biya : Une Opposition Fabriquée pour une Démocratie de Façade

Le rideau se lève sur une comédie électorale dont le dénouement est déjà écrit. Alors que douze candidats entrent en piste pour la présidentielle du 12 octobre, l'incapacité pathétique des onze opposants à former un front commun contre Paul Biya dévoile la supercherie d'un pluralisme de façade. Loin d'incarner l'alternative tant espérée par les Camerounais, cette mosaïque de prétendants représente plutôt le chef-d'œuvre politique du régime : une opposition artificielle, soigneusement fragmentée pour mieux régner. La victoire du président sortant ne sera pas le fruit du hasard, mais la conséquence mécanique d'un système où l'opposition semble avoir été conçue pour... perdre.
Issa Tchiroma Bakary, candidat à la présidentielle de 2025
Issa Tchiroma Bakary, candidat à la présidentielle de 2025

Alors que la campagne pour la présidentielle du 12 octobre a officiellement démarré samedi dernier, plongeant le Cameroun dans le théâtre habituel des meetings et des promesses, une évidence s’impose avec la force d’un constat accablant. L’espoir, longtemps caressé par une frange importante de l’électorat, de voir les onze prétendants face à Paul Biya former une coalition compétitive s’évapore avant même d’avoir existé. Cette absence de front commun, loin d’être un simple hasard de l’histoire politique, apparaît comme le symptôme d’une opposition structurellement faible, fragmentée à dessein, et dont une grande partie semble être une création savamment orchestrée par le régime qu’elle prétend combattre.

Le mirage de l’union tant espérée

Depuis l’ouverture de la course, les Camerounais assistent, impuissants et désabusés, au même spectacle de division. Onze candidats, onze ego, onze stratégies solitaires. La perspective d’une candidature unique, seul espoir crédible de créer une dynamique susceptible d’ébranler l’hégémonie du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), a été balayée par des querelles de leadership, des ambitions personnelles démesurées et un refus quasi systématique de toute concession. Chacun campe sur ses positions, persuadé d’incarner la seule alternative légitime, tandis que l’électorat en quête de changement regarde, médusé, ce naufrage annoncé. Cette incapacité chronique à s’unir n’est pas une simple faiblesse tactique ; elle est la preuve tangible que ces oppositions, pour la plupart, ne sont rien d’autre que la fabrication du régime actuel. Le président Biya, en chef d’orchestre aguerri, maîtrise depuis des décennies l’art du diviser pour régner. Une opposition plurielle, cacophonique et velléitaire est bien plus facile à contrôler, à instrumentaliser, voire à coopter qu’un front uni et déterminé. En refusant de se fondre dans un projet collectif, ces candidats jouent, consciemment ou non, le jeu du palais d’Étoudi.

Une galaxie oppositionnelle sous influence

L’analyse de la galaxie des opposants révèle une réalité troublante. On y trouve d’anciens barons du régime, des figures dont les liens avec le système sont notoires, et des partis dont l’existence même ne semble trouver sa raison d’être que dans la validation d’un pluralisme de façade. Leur présence dans la course, souvent marquée par un accès inégal aux ressources et aux médias publics, participe à la mise en scène d’une démocratie simulée. Ils offrent l’alibi d’une compétition, sans jamais en incarner la menace. Cette stratégie est d’une redoutable efficacité. Elle permet au régime de proclamer la vitalité de la démocratie camerounaise tout en s’assurant que la dispersion des voix garantit une victoire sans surprise. Les velléités de regroupement sont systématiquement torpillées par des calculs individuels, des suspicions alimentées ou des promesses sous le manteau. Le système, dans son génie machiavélique, a su créer une opposition à son image : multiple en apparence, mais profondément dépendante dans son fonctionnement.

La victoire annoncée d’un scénario écrit d’avance

Dans ce contexte, l’issue de l’élection présidentielle du 12 octobre ne souffre d’aucune équivoque. La victoire de M. Biya, à l’issue de ce qui s’apparente de plus en plus à une comédie politique, ne fait guère de doute. La campagne qui s’ouvre n’est qu’une formalité, un rituel destiné à légitimer un mandat supplémentaire pour celui qui dirige le pays d’une main de maître depuis plus de quatre décennies. Les espoirs de changement, portés par une population confrontée à de multiples crises, se heurtent une fois de plus au mur de la realpolitik locale. Le véritable enjeu de ce scrutin n’est donc pas de savoir qui l’emportera, mais plutôt de mesurer le degré de participation et l’acceptation sociale d’un verdict considéré par beaucoup comme acquis d’avance. La frustration populaire, face à cette impasse démocratique, risque de s’exprimer par une abstention massive, dernier recours pour contester un processus perçu comme confisqué. Alors que les banderoles se déploient et que les discours résonnent, la triste réalité est que le Cameroun s’apprête à vivre non pas une élection, mais une coronation. L’échec des oppositions à s’unir n’est pas un accident ; il est la pierre angulaire d’un système conçu pour perdurer. Et dans ce jeu d’échecs politique, le président Biya, une fois de plus, semble avoir mis toutes les chances de son côté bien avant le premier vote.

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