Le 08 décembre 2024 marque une date charnière dans l’histoire contemporaine de la Syrie. Après 24 ans de pouvoir, le régime de Bashar Al-Assad s’est effondré suite à une offensive éclair déclenchée le 27 novembre 2024 dans le nord de la Syrie par une coalition de rebelles dirigée par Abou Mohammed Al-Joulani, appuyée par les membres de l’OTAN et la Turquie. Ce bouleversement, salué par les présidents Joe Biden, et Emmanuel Macron, illustre une confrontation idéologique, politique, géopolitique et géostratégique entre les grandes puissances mondiales, avec la Russie et l’Iran soutenant le régime syrien face à l’Occident.
La chute du régime syrien doit résonner comme un avertissement pour les dirigeants africains, particulièrement ceux de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) confrontés au terrorisme, et engagés dans une dynamique de diversification des partenariats avec des puissances alternatives. Internement, cette chute résulte d’une situation économique profondément fracturée et détériorée. Externement, elle s’explique par le relâchement du soutien de la Russie, due à son redéploiement en Ukraine, et le détournement d’attention de l’Iran face aux tensions montantes avec Israël au Moyen-Orient.
La principale leçon à tirer pour l’Afrique est claire : on n’est jamais mieux protégé que par soi-même. Au-delà des partenariats stratégiques avec les grandes puissances, il est crucial de structurer et d’outiller nos propres armées pour protéger nos pays et nos populations. Lorsque les intérêts vitaux des grandes puissances sont menacés, elles n’hésitent pas à se recentrer sur elles-mêmes, laissant leurs partenaires dans l’incertitude.
Enfin, rappelons que les artisans de la chute de Bashar Al-Assad doivent assurer un service après-vente efficace pour éviter que la Syrie ne plonge dans le chaos, comme ce fut le cas en Libye. La stabilité et la reconstruction post-conflit doivent être des priorités pour éviter une situation de non-État.
La crise syrienne offre des enseignements précieux pour l’Afrique sur l’importance de l’autonomie sécuritaire et la prudence dans la gestion des alliances internationales.